Text:August Lustig/A. Lustig Sämtliche Werke: Band 1/La Doller.

La Doller.

Avril 1874.

4 - 5 FR


Que j'aime ces endroits charmants, silencieux,
Tout me connait ici, tout rappelle à mes yeux
Des souvenirs lointain' d'une époque bien chère ;
De nouveau je m'y vois, accompagnant ma mère.
Bien des années déjà, depuis ce temps charmant
Ont passé sur sa tombe !..
Alors j'étais enfant;
Que j'avais de plaisir, et quel bonheur pour moi
Quand je pouvais venir ici ! - Combien de fois
Fatigué d'une course et le front en sueur
Je revenais près d'elle accablé de chaleur !
A l'ombre d'un buisson, au murmure des eaux
Je m'endormais alors écoutant les oiseaux.
Le doux gazouillement de leur bande joyeuse
Dans le bosquet voisin, me servait de berceuse.


Bientôt les mille voix de la nature entière
Chuchotaient doucement, chacune à sa manière,
Se transformant en rêves, en murmures étranges,
Comme un lointain concert qu'auraient donné les anges
Accords indéfinis, échos d'une existence
Que seul peut inventer le sommeil de l'enfance !...

C'était encore ici que j'aimais à venir
Passer les jours heureux de vacance, et courir
A travers la forêt, ce temple vaste et sombre,
Qui cache tant d'attraits, de charmes, sous son ombre !
Et dans ces beaux ravins, sauvages, solitaires,
Qui bordent la rivière aux eaux toujours si claires;
Et la pêche ! et les bains ! plaisirs toujours nouveaux,
Que c'était amusant de nager dans ces eaux !
Comme je dévorais alors, avec bonheur,
Un morceau de pain sec durci par la chaleur !

Chaque coin me rappelle un fait, un souvenir
De ce passé charmant ; je crois redevenir
Enfant. -- Et maintenant s'y promène à son tour
Le mien ! -- C'est donc bien vrai ?... Qu'il est loin l'heureux jour
Où je l'étais, cher ange. Un jour tu vas peut-être
Aussi te souvenir de ce tableau champêtre
Et te revoir enfant, allant avec ton père....
Quand depuis longtemps il aura quitté la terre !...